Quand la mode sexualise puis féminise les hommes
Alors que les chemins de la sexualité et de la mode, essentiellement alors féminine, commencent à s’entrecroiser au début des années 50 après la Seconde Guerre Mondiale, période d’émancipation des codes et de l’insouciance, la mode tournée vers les hommes relève d’une toute autre histoire...
En effet, il aura fallu attendre 30 ans plus tard pour apercevoir les ébauches d’une mode masculine sexualisée... Ainsi, avant les années 80, il faut savoir que les hommes étaient peu enclins à dévoiler leurs attributs sexuels ; non seulement en raison d’une pudeur extrême mais également de la réticence d’un public jusque-là habitué à des codes "standards" bien ancrés dans ses moeurs.
Il était alors inconcevable à ce stade de l’histoire de la mode que des hommes soient dénudés et exhibés aux yeux de tous, et plus particulièrement à ceux d’une jeunesse éduquée dans une morale conservatrice et un environnement patriarcal à la fois machiste et réservé.
Dans les années 80, des créateurs désormais reconnus tentent le grand saut en dépit des risques culturels encourus. Calvin Klein et Gianni Versace décident ainsi d’intégrer l’homo-érotisme dans leurs campagnes publicitaires. Le pari est risqué, le monde retient son souffle, mais au final la sexualisation de l’homme dans des fins commerciales s’avère plus que payante.
Il est indéniable que pour l’époque, l’homo-érotisme affiché fait l’effet d’une "bombe atomique" dans les esprits ! Les plus conservateurs accableront cette percée de la sexualisation de la mode masculine de tous les maux et mots tels "choquante", "inadmissible", "perversion", et plus encore...
Cette diabolisation de ce nouvel outil de vente, en dépit de son intensité, poussera encore plus les créateurs à continuer sur cette voie car la réalité des chiffres était toute autre : les campagnes publicitaires menées sous ce thème suscitaient une popularité monstre !
C’est ainsi que la sexualisation de la mode masculine telle que nous la connaissons aujourd’hui est née d’un choix pariant sur le futur de la mode et des moeurs, entre l’éthique et la popularité. Malgré les inquiétudes planant sur ce choix cornélien pour l’époque, il est pourtant paru d’une évidence enfantine pour les créateurs de faire le choix de la popularité.
Dévoiler l’homme sous toutes ses formes et sa magnificence a également permis le renversement de certains codes éthiques et moraux pour ouvrir la voie à certaines pratiques jusque-là placées en sourdine. Ainsi, la mode du bondage et du SM profita de cette nouvelle ère pour une expansion mondiale. De même que la mode masculine sexualisée a permis aux mouvements gays de prendre une ampleur jamais atteinte !
Des créateurs tels que Jean-Paul Gaultier usent et abusent à outrance de la sexualisation de la mode masculine pour son efficacité à travers ses campagnes publicitaires ouvertement gays à souhait. Des people tels que Boy George servent la cause de la sexualisation de la mode masculine et contribuent à son expansion.
Aujourd’hui, il est devenu un fait banal de voir des campagnes de pub pour sous-vêtements affichant des hommes presque entièrement dénudés ; et pourtant hier encore, cela aurait relever de "l’hérésie" pour certains groupes extrêmes... Mieux encore, ces publicités de la mode qui, à la base devaient attirer un public homosexuel, sont arrivées aujourd’hui à créer un nouveau courant : celui de la métrosexualité, une part d’hétérosexuels qui ont fini d’être convaincus par ce nouveau visage de la virilité masculine.
Un point réellement positif car la métrosexualité a permis a une grande partie de la gent masculine de s’émanciper sur l’entretien du physique et de l’apparence. Les acteurs célèbres devenus égéries de la mode incitent désormais les hommes à se faire beaux tout simplement, à prendre soin d’eux et se chouchouter à l’image des femmes. La coquetterie n’est plus l’apanage de la femme car les hommes se l’ont également accaparée...
Néanmoins, l’heure n’est plus non seulement à la sexualisation de la mode masculine mais aussi à la voie de l’extravagance et de la féminisation de la mode pour homme. L’exemple vestimentaire le plus typique reste encore celui des jeans taille basse pour hommes. Des jeans qui exposent désormais le bas-ventre et les poils pubiens de la gent masculine au regard d’un public qui, avouons-le, devient de plus en plus déconcerté.
"Déconcerté" car si l’effet de surprise crée par la sexualisation de la mode masculine a bien eu lieu, aujourd’hui il est passé et de ce fait, a des risques plus accrus de tomber dans la vulgarité, voire la pornographie visuelle. Mais là encore, il s’agit d’un tout autre sujet que nous traiterons dans un autre dossier !
Comme toute utilisation abusive à des fins commerciales, la sexualisation de la mode masculine fait également l’objet de dérives culturelles... La planète mode est en passe de tomber dans la vulgarité si elle se risque à continuer d’en abuser à outrance ; des secteurs tels que l’électroménager se servant de ce même outil de vente qu’est la masculinité sexualisée risquent de se retrouver face à un public totalement perdu et désorienté et qui, à terme, pourrait être susceptible de revenir à ce même état de réticence passé...
Kellan Lutz chez Calvin Klein
Actuellement, les stars de cinéma sont de plus en plus sollicitées par les marques pour devenir leurs ambassadrices. Rien de tel qu’un visage connu pour offrir une visibilité sans frontière. L’acteur de la saga Twilight, Kellan Lutz, a posé pour une campagne de publicité pour la collection Calvin Klein Underwear X en 2010.
Infos : Calvin KleinÀ voir dans : La sexualisation de la mode masculine
La ligne "Boy Toy" de Jean-Paul Gaultier
Le créateur Jean-Paul Gaultier est le premier à avoir donné le ton lorsqu’il s’agit de semer la confusion. En faisant de l’homme un objet, il mélange les genres et ne s’encombre pas des critiques.
Infos : Jean-Paul Gaultier (créateur)Yves Saint-Laurent présente "Nu"
Sans doute la première publicité "osée" dans la mode. En 1971, Yves Saint-Laurent pose entièrement nu sur des coussins en cuir pour la présentation de son premier parfum baptisé "Nu". Le photographe Jean-Loup Sieff joue avec l’ombre et la lumière pour créer une ambiguïté "morale".
Infos : Yves Saint Laurent